Lorsque les mobilités sont abordées, il est plus souvent question des usages, de mobilités alternatives ou partagées, voire uniquement de l’objet mobile. Pourtant, un composant essentiel sur lequel le véhicule roule est fréquemment oublié : la route.
Mais la route n’est pas qu’un ruban de goudron, elle englobe aussi des ouvrages d’art, des équipements pour la signalisation, l’information, l’exploitation et aussi la sécurité. Il convient de rappeler que les accidents de la route ont provoqué la mort de 2.541 personnes en 2020[1].
Selon l’autorité territoriale qui en assure la gestion, le réseau français d’un million de kilomètres se décompose en routes nationales, départementales et communales, en autoroutes concédées ou non, et, depuis quelques années, en routes métropolitaines. Ces dernières sont indiquées par de nouveaux panneaux bleus M000, parfois superposés aux panneaux verts E00 indiquant les axes européens. Mais qui s’en préoccupe ? Chacun ayant l’œil, l’oreille, c’est mieux, rivé sur son « GPS »…
Pour se déplacer avec le plus de facilité, les hommes ont inventé différents types de routes. La première génération, le chemin reliant les villages entre eux. Puis, la voie romaine, empierrée, qui facilitait le déplacement des militaires et des marchandises. Ensuite, la route bituminée qui a ouvert la voie à l’automobile. Et enfin, l’autoroute, un site propre intégral, comme on dit pour les transports collectifs guidés, c’est-à-dire sans carrefour, sans interface avec d’autres modes et offrant une vitesse élevée, mais néanmoins limitée !
Aujourd’hui, nous préparons la route de 5e génération, dite R5G[2], concept imaginé à l’Université Gustave Eiffel. La route du futur sera coopérative permettant les échanges d’information avec les véhicules et entre les véhicules. Elle sera auto réparatrice grâce à des matériaux capables de « cicatriser ». Elle pourra fournir de l’énergie électrique pour recharger les véhicules en mouvement. Elle pourra stocker de la chaleur et la restituer pendant les périodes hivernales. Elle sera automatisée offrant les équipements nécessaires aux véhicules autonomes.
Dans le cadre de la « Stratégie d’accélération pour la digitalisation et décarbonation des mobilités », financée par le 4eprogramme d’investissement d’avenir (PIA4), un appel à projet[3] est ouvert jusqu’au 11 janvier 2023 et reprend ces thématiques technologiques laissant une petite ouverture aux usages.
La feuille de route pour les villes et leurs voiries ? Sûrement des corridors spécifiques pour des navettes autonomes de transport de fret et de personnes, des autoroutes à vélo, de larges zones de rencontre, des espaces apaisés et naturels… l’automobile ne sera alors plus la reine de la cité.
Pour la lettre S, ce sera la prochaine fois.
Guillaume Uster
Université Gustave Eiffel, conseiller scientifique i-Viatic
[1] https://www.onisr.securite-routiere.gouv.fr/
[2] Vous trouverez tous les détails sur le lien suivant d’une présentation de Nicolas Hautière porteur de ce concept https://evenementiel-ddrs.univ-gustave-eiffel.fr/fileadmin/contributeurs/DDRS/SEDD_2020/R5G-Descartes_160920.pdf
[3] https://www.bpifrance.fr/nos-appels-a-projets-concours/appel-a-projets-mobilites-routieres-automatisees-infrastructures-de-services-connectees-et-bas-carbone