Anonymisation est un nom difficilement prononçable, pourtant il mérite une petite explication.

Comme il a été dit dans une lettre précédente, D comme données, les « data », terme français usuel, sont omniprésentes à tous les stades des services innovants de mobilités. Depuis le profil, en passant par les traces numériques laissé par le GPS, les validations de tickets, de billets, le suivi des smartphones par les opérateurs… Autre exemple, les caméras de vidéoprotection augmentées par la reconnaissance faciale offrent un redoutable outil de surveillance des populations.

Nous sommes donc constamment « observés », pour le meilleur, obtenir un service personnalisé ad hoc, et pour le pire, se voir proposer des produits commerciaux répondant parfaitement à notre profil numérique.

En France, nous avons le RGPD qui signifie Règlement général sur la protection des données[1]. Il s’agit du règlement relatif à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel et à la libre circulation de ces données. L’objectif est de « redonner aux citoyens le contrôle de leurs données personnelles, tout en simplifiant l’environnement réglementaire des entreprises ».

Ce bouclier numérique protège nos données personnelles. Mais, je dois reconnaitre qu’il ne simplifie pas le déroulement des travaux de recherche en lien avec la mobilité des personnes où il est nécessaire de connaître l’adresse, les lieux visités, le mode de transport… Le RGPD entraine en effet des contraintes fortes pour les données, leur recueil, leur stockage sur des serveurs situés en Europe et leur traitement. Ainsi, la pseudonymisation est une technique qui permet d’anonymiser des participants à une enquête en leur associant un identifiant unique, dont la table de correspondance est gardée sous clé.

Le concept de Compte personnel de mobilité porté par la Fabrique des Mobilités[2] propose que chacun bénéficie de l’ensemble de ses informations individuelles dont il peut lui-même définir leur réutilisation. Un premier projet Mon compte mobilité (MOB)[3] financé par les CEE est en cours en 2022 sur deux territoires pilotes : l’Alsace et l’Ile-de-France. Ce compte de mobilité rassemble les offres de mobilité à disposition, les aides potentielles des collectivités et de l’employeur, ainsi qu’un passeport numérique pour s’identifier auprès des applis.

Ces initiatives offrent un modèle exemplaire et transparent dont il faudra encourager, à partir de 2023, le portage par un acteur neutre de confiance et en assurer la promotion sur d’autres territoires.

Pour la prochaine fois, ce sera la lettre Z, mais ce ne sera pas la dernière…

Guillaume Uster, conseiller scientifique i-Viatic